Le 10 novembre 2011, les cafés viennois ont été inscris au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
En entendant cela, vous penserez sans doute tout d'abord à ceci :
source photo : http://kaffee-freun.de
C'est à dire un café surmonté d'un peu de lait battu avec de la crème fouettée, puis saupoudré de chocolat.
Toutefois, même si ce type de café est un véritable délice qui devrait être protégé pour en assurer la pérénité, ce n'est pas ce qui nous occupe ici.
Car la célèbre institution ne s'est pas intéressée à la boisson, mais bien plutôt aux lieux qui lui sont consacrés : les Wiener Kaffeehaus. Décrits comme étant des endroits « où le temps et l’espace sont consommés, alors que seul le café se trouve sur l’addition », ces cafés historiques connaitrons leur premier essor lors de la révolution industrielle. A cette époque, en effet, la crise du logement sévissait durement et les ouvriers, fuyant l'exiguité et la froidure de leurs minuscules appartements faisaient souvent le choix de passer des heures dans les cafés où ils pouvaient se réchauffer tout en discutant ou en jouant aux cartes.
Freud, Schnitzler, Kafka ou encore Wagner se sont assis dans ces cafés - y écirvant probablement les premiers jets de leurs oeuvres les plus célèbres - confortablement installés sur leurs chaises tappissées de velours. Aujourd'hui encore, c'est dans ce même confort, que les habitués et les nombreux touristes peuvent profiter d'une petite pause caféinée, le temps de parcourir le journal du jour ou d'une discussion passionnée.
Ces lieux intemporels, témoins de la grandeur passée de l'empire austro-hongrois, sont une étape incontournable pour tout touriste qui se respecte. Toutefois, sachez que si vous désirez boire un authentique café viennois, il ne vous suffira pas de demander un "Wiener Kaffee" - qui est pourtant la traduction littérale de l'expression française. Car pour un autrichien, un tel café n'existe pas. Je vous conseille donc plutôt de demander un "Melange".. ou bien l'une des nombreuses autres boissons que la carte ne manquera pas de vos proposer et parmi lesquelles vous pourrez trouver :
- Le "Schwarzer" (=noir), qui est l'équivalent de l'expresso.
- Le "Kleiner Brauner" (= petit brun), qui est l'équivalent du café crème.
- Le "Verlängerter" (= rallongé), qui correspond à l'un des deux précédents, mais en version allongée.
- Le "Melange" (= mélange) qui consiste en un café surmonté d'un peu de lait battu avec de la crème fouettée, puis saupoudré de chocolat et qui est donc l'équivalent de notre café viennois.
- Le "Franziskaner" (= franciscain) très proche du Melange, il s'agit d'un café surmonté de crème chantilly ou de crème fouettée (Schlagobers).
- Le "Kaffee verkehrt" (= café inversé) qui, comme son nom l'indique, contient plus de lait que de café. c'est le simple équivalent de notre café au lait ou celui du cafè latte des italiens.
Pour plus d'exotisme, vous pourrez également tenter :
Un « Einspänner » (=carrosse à un cheval) : un grand noir servi dans un verre avec beaucoup de chantilly et du sucre glace dans un doseur sur un plateau. On boit le café à travers la grande quantité de chantilly. Les cochers se réchauffaient les mains contre le haut verre de café chaud. S’il fallait partir, ils remuaient la chantilly avec le café et il refroidissait très vite.
- un "Fiaker": Café long avec du rhum et de la chantilly, servi chaud.
- un "Maria Theresia" : double moka dans un verre à pied avec une trace de liqueur d’orange.
- un "Saloneinspänner" : petit moka avec de la Vodka.
- un "Kaffee Erzherzog Johann" moka avec du Cognac et de la liqueur de café.
- un "Obermayer": double moka sur lequel on dépose de la chantilly très froide à l’aide du dos d'une cuillère à café.
- un "Kaisermelange" : « Mélange » avec jaune d’œuf et cognac.
- un "Mazzagran" : double moka servi froid avec un glaçon.
- un "Überstürzter Neumann" : Coupe de chantilly sur laquelle on renverse un double moka, servi dans une cafetière à part.
- un "Sperbertürke" : Café turc fort et double avec un sucre en morceau.
A noter que la tradition veut que les "ajouts" (la crème dans le petit brun, l'eau chaude pour le rallongé) soient servis à part sur un plateau afin que le consommateur puisse compléter son café selon sa préférence. La coutume veut également que votre café vous soit servi accompagné d'un verre d'eau gratuit. Enfin, ne vous étonnez pas de ne pas trouver de sucre sur votre sous-tasse. La plupart du temps, du sucre en poudre est mis à la disposition des clients directement sur les tables dans de jolis sucriers.
Sachez enfin que si le café Sperl, le café Central, le café Prückel ou encore les cafés des hôtels Sacher (inventeurs de la célèbre SacherTorte) sont les plus connus, ils sont loin d'être les seuls Kaffeehaus autrichiens. Rien qu'à Vienne, en effet, on ne décompte pas moins de 1000 "cafés viennois".
En rédigeant cet article, j'ai évidemment une petite pensée pour Mouchette... Bises à toi !
Merci de votre visite !
@ Bientôt !